En sport, et plus particulièrement en CrossFit où les exercices et les termes sont très nombreux (euphémisme), il existe 2 sortes d’athlètes : les actifs et les passifs (je parle de sport hein !). C’est dans l’air du temps : on paye, donc je n’ai pas à faire d’autres efforts que ce pour quoi je paye.
Les athlètes passifs viennent pour consommer une prestation. Même s’ils veulent progresser, s’ils veulent apprendre en faisant, ils se contentent de reproduire. Le coach leur explique l’exercice. La séance d’après, il réexplique encore et encore. Mais à chaque fois qu’ils voient de noté au tableau « Power Snatch »… le doute subsiste. C’est quoi ce truc, je parle pas anglais moi ! Ça part des genoux ? c’est le truc où on amène la barre aux épaules pour ensuite la balancer au-dessus de la tête ? Encore, encore et encore.
L’athlète actifs vient également pour consommer une prestation. Ils payent, donc ils en veulent pour leur argent. Mais à l’inverse du simple consommateur, il cherche à en faire un peu plus en apprenant par lui-même les termes vus à l’entraînement. Il teste, il n’attend pas qu’on lui dise de faire. Bref il acquière la culture de son sport.
CrossFit n’est pas Mac Do, ne soyez pas un consommateur !
Pourquoi cet article, quel rapport avec le CrossFit et les Class ?
Attention, je vais partir très loiiiiiiiin avant de revenir au sport !
Dans la petite enfance, l’acquisition de la culture de son environnement (les règles, les coutumes, les usages de ses congénères) passe par l’imitation, la répétition et la recherche par soi-même (on tente, on chute, on recommence et on y arrive).
Les études montrent clairement que les enfants qui passent leur temps devant la TV (donc pas d’interaction avec son environnement, juste une réception passive d’informations sans logique) ont très nettement moins de vocabulaire que les mêmes enfants (du même âge) qui passent plus de temps à inter-agir avec les parents, les jouets qu’ils ont autour d’eux. Certes dans le premier cas, les parents s’achètent momentanément la paix sociale, mais au final, ils vont bien galérer sur le long terme pour permettre à leurs enfants d’avoir le niveau pour s’en sortir. Bien évidemment, il s’agit de statistiques, donc valent pour un groupe, pas pour un cas particulier.
Le processus d’apprentissage des gestes
En sport, notamment en découverte de la motricité, c’est pareil : on ne montre pas le mouvement sur un écran en demandant de le reproduire. L’éducateur va montrer un mouvement, il va potentiellement légèrement diriger l’enfant s’il ne comprend pas… mais il va surtout lui laisser la possibilité de découvrir par lui même comment le faire. Ce n’est que lorsque certaines bases sont là qu’il va préciser la technique (progressivement, très progressivement).
L’enfant, curieux comme pas deux, va poser des questions (donc mettre des mots sur les gestes), il va créer son propre langage et ainsi faire une concordance entre ce qu’il fait, ce qu’on lui demande et ce qu’il perçoit. C’est long, très long, puisque cela dure toute l’enfance, tout le long du développement neuromusculaire.
Si l’enfant n’est pas curieux (ou parfois timide, pouvant limiter la curiosité par peur de s’exprimer/rater), il ne posera pas de questions. Il va simplement imiter les gestes de l’entraîneur (ou de ses partenaires de jeu). Il s’arretera là. Il ne testera que rarement par lui-même et au final va fortement réduire son développement moteur.
Et l’adulte alors ?
Et oui, vous avez 25 ans, 35 ans, 40 ans et vous n’êtes plus un enfant… vous n’avez pas besoin des mêmes choses (et vous avez de l’expérience, vous vous connaissez)… Erreur !
Lorsque vous faites un geste, votre cerveau va, bien avant de le faire, imaginer le geste. Il va apprendre à le produire pour ensuite seulement lancer l’action motrice (c’est d’ailleurs le principe de la visualisation chère aux sportifs de haut niveau : apprendre à perfectionner le gestes sans dépense énergétique supplémentaire… ou si peu).
Attention, ce n’est pas intellectualiser le mouvement (trop réfléchir durant un snatch est synonyme d’échec). Simplement le cerveau pas inconsciemment faire le geste et ensuite seulement lancer les ordres aux muscles pour reproduire ce qu’il a fabriqué en arrière plan.
Si vous êtes passifs, vous ne ferez qu’imiter le coach (ou le partenaire d’entraînement) quand il vous montre le geste. Et même s’il vous donne le nom de l’exercice… 10 jours après, vous aurez oublié. Et vous recommencez à 0 le processus d’apprentissage.
A l’inverse, si vous faites l’effort d’apprendre le nom du geste (mettre des mots, quitte à inventer les vôtres.. mais vous zappez l’aspect culture), à le tester par vous même, à le modifier pour en apprendre une variante (Power Clean, hang power clean, high hang power clean), si vous lisez le nom de l’exercice au tableau pendant que le coach vous explique ce que vous avez à faire, votre cerveau va commencer intégrer ce que vous allez faire, comment vous pourrez le faire, quelle stratégie vous allez mettre en place pour être le plus efficace.
Au final, vous progresserez plus vite, car vous serez acteurs (ou actrices) de votre progression, au lieu d’être comme l’enfant devant la TV à simplement recevoir passivement l’information.
Au final, connaissant ce que vous avez à faire, vous pourrez vous concentrer sur les facteurs de performance (vitesse, posture, coordination, respiration…) et non redécouvrir le mouvement WoD après WoD. L’un va fortement progresser et passer à des Niveaux impossibles à imaginer en débutant le CrossFit… L’autre va simplement légèrement s’améliorer.
Et entre temps, Fuck your Genetic, Train Hard !